Le microdosing de champignons : des effets « magiques » sur votre cerveau ?

Le microdosing de champignons : des effets « magiques » sur votre cerveau ?

Décidément, la médecine s'est trompée sur les champignons.

Pendant longtemps, les champignons étaient les “ennemis de la santé”, coupables des mycoses, candidoses et autres infections mycologiques.

Pourtant, on réalise aujourd’hui que les champignons ont de nombreux bienfaits pour la santé. Un champignon asiatique comme le reishi par exemple est un champignon de l’immunité. Si vous doutez de cela, il vous suffit d’une simple recherche sur le portail d'articles scientifiques Pubmed pour vous convaincre.

Finalement, les champignons ont connu la même histoire que les bactéries. Au cours du XX ème siècle, les bactéries sont des “ennemies à abattre”, responsables de tous nos malheurs.

Puis, les médecins ont découvert que certaines bactéries présentes dans notre peau et nos intestins étaient bonnes pour la santé. Aujourd’hui, vous consommez même peut-être des probiotiques et des prébiotiques pour renforcer votre flore intestinale ?

Et bien, les champignons connaissent un peu la même histoire.

Savez-vous que certains champignons ont des effets surprenants sur la dépression et l’anxiété ?

Dans cet article, vous allez découvrir une pratique de santé méconnue en France.

Celle-ci s’appuie sur les effets d’une substance présente dans les champignons hallucinogènes : la psilocybine. Je veux vous parler du microdosing.

La révolution du microdosing

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Tout d’abord, vous vous demandez peut-être en quoi consiste le microdosing ? Le microdosing ou microdosage consiste en la consommation à faible dose de substances psychédéliques comme le LSD ou la psilocybine.

Le microdosing de champignons est partout aujourd'hui partout. Vous pouvez en entendre parler dans le célèbre film Netflix sur les champignons : “Fantastic Fungi”.

Si vous errez sur Tiktok ou Youtube, vous trouverez également de nombreuses vidéos sur le sujet.

Sur Google, de nombreux internautes se posent la question de la légalité de ces champignons.

Soyons tout de suite très clair sur ce point. Ces champignons ne sont pas légaux dans la mesure où la substance qu’ils contiennent (la psilocybine) est une drogue de classe A. Cependant, malgré cette interdiction, de nombreuses personnes les consomment régulièrement.

Et bien que cette drogue soit largement moins consommée que le cannabis, la MDMA ou la cocaïne, elle connaît une popularité croissante. Selon cette étude de 2021 conduite par l'enquête mondiale sur les drogues (GDS), la consommation de champignons hallucinogènes par rapport aux autres drogues est passée de 8,6 % en 2015 à 15,7 % en 2021.

Et d’après ces enquêtes, ces champignons favorisent une baisse des niveaux d'anxiété et de dépression ainsi qu’une amélioration de l’humeur et de la concentration. Cela pourrait expliquer leur popularité auprès d’une partie des consommateurs.

En raison de ces bienfaits potentiels, de nombreux scientifiques s'intéressent aux bienfaits potentiels de ces champignons.

Offriraient-ils un avenir prometteur dans le monde de la santé mentale ?

Champignons magiques et santé mentale

Les champignons hallucinogènes ont mauvaise presse chez les médecins. Ils font peur.

Pourtant, comme l’indique le Dr. Olivier Chambon dans cet entretien, leur utilisation ne date pas d’hier. Les premiers peuples chamaniques ont utilisé les psychédéliques, y compris les champignons psychédéliques, dès le début de leur pratique.

Selon le spécialiste de la culture psychédélique, Terence Mckenna, les champignons psychédéliques auraient même permis le développement de nouvelles capacités cognitives chez nos ancêtres.

La substance du champignon qui produit cet effet «visionnaire» se nomme la psilocybine. À ce jour, elle est fabriquée par environ 200 espèces de champignons dans le monde.

Vous vous questionnez peut-être sur les effets de ces champignons sur le cerveau ?
L'imagerie cérébrale permet aujourd’hui de reconstituer le cerveau sous psilocybine.

Par l’effet de la psilocybine, le cerveau établit un nouveau réseau de connexions neuronales. Cette substance produirait un élargissement des perceptions.

Voici ci-dessous une illustration de l’activité cérébrale de deux cerveaux, dont l’un serait sous psilocybine. Comme vous le voyez sur l’image B, le cerveau sous psilocybine est hyperconnecté.

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Mais le plus extraordinaire, c’est que la psilocybine ne fait pas qu’augmenter la quantité de connexions neuronales. Elle fait se connecter des régions du cerveau qui ne communiquent habituellement pas. Elle provoque une expansion de l'esprit en rendant le cerveau «hyperconnecté».

La psilocybine laisse rêveurs de nombreux psychiatres. Car celle-ci aurait un potentiel considérable dans le traitement de nombreux troubles psychiatriques.

Champignons hallucinogènes : un remède potentiel contre la dépression sévère ?

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Cette étude anglaise de 2016 publiée dans le Lancet Journal en apporte la preuve.

Lors de cette étude, 12 patients atteints de dépressions graves reçoivent 2 doses de psilocybine à 7 jours d’intervalle.

À la suite de ce traitement, les patients n’observent aucun effet indésirable. Par ailleurs, 7 patients sur 12 seraient sortis de la dépression.

Enfin, les effets positifs sur les patients se seraient poursuivis pendant 2 mois.

Voilà de quoi impressionner de nombreux psychiatres. D’après la scientifique Amanda Feiling, intervenante dans cette étude, la psilocybine pourrait bien révolutionner dans le traitement des troubles dépressifs.

Cette étude n’est pas la seule à mettre en valeur les effets prometteurs de la psilocybine sur la santé mentale.

D’après les témoignages des patients de cette étude anglaise de 2017, les champignons hallucinogènes auraient permis de "rebooter" leur cerveau. Un petit peu comme un ordinateur, les champignons auraient permis de réinitialiser le fonctionnement de leurs cerveaux.

Les champignons hallucinogènes offriraient ainsi un potentiel très prometteur dans le traitement de la dépression.

Champignons hallucinogènes vs antidépresseurs

Le gros problème des antidépresseurs dans le traitement de la dépression est le phénomène de ”montagnes russes émotionnelles”.

Or les champignons hallucinogènes permettraient justement d’atténuer ce problème.

Selon cette étude anglaise de 2017, la psilocybine aurait réduit de 80% les symptômes dépressifs de patients atteints de cancer.

D’après l’expérience du psychiatre Charles Grob, psychiatre à l’Université de Californie à Los Angeles, les substances psychédéliques permettraient de redonner du sens à la vie des patients. Elles les aideraient à ne plus s’identifier à la maladie pour envisager leur vie d’une autre façon.

Cette réaction est différente de l’effet produit par les antidépresseurs qui ont tendance à créer une “indifférence émotionnelle” des patients.

Cette autre étude anglaise de 2017 confirme cet effet bénéfique de la psilocybine sur le cerveau. Cette substance favorise l’activation de sphères cérébrales associées aux émotions et à la créativité.

D’après leurs témoignages, les patients auraient senti un sentiment d'acceptation de leur situation.

C’est peut-être cela la clef pour sortir de la dépression. Ce n’est pas se couper émotionnellement du monde mais plutôt apprendre à accueillir l’ensemble de ses émotions, bonnes ou mauvaises.

Conclusion

Les champignons ont longtemps été de véritables ennemis de la santé. Il fallait à tout prix les éviter. Cependant, les champignons offrent des opportunités inédites pour le traitement de nombreuses affections physiques et mentales.

Les champignons hallucinogènes contiennent une substance qui présente un haut potentiel dans le traitement de la dépression : la psilocybine. En effet, cette substance permet d’activer des zones cérébrales associées aux émotions ce qui a pour effet de soulager les troubles dépressifs.

D’après de nombreux psychiatres, les champignons magiques constituent une bien meilleure alternative aux antidépresseurs.

Les champignons seraient-ils les prophètes d’une nouvelle révolution dans le monde de la santé mentale ?

Sources et références :

Winstock, Adam and Maier, Larissa J and Zhuparris, Ahnjili and Davies, Emma L and Puljević, Cheneal and Kuypers, Kim PC and Ferris, Jason A and Barratt, Monica J (2021) Global drug survey (GDS) 2021 key findings report. London: Global Drug Survey.

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Roseman, L., Demetriou, L., Wall, M. B., Nutt, D., & Carhart‐Harris, R. (2018). Increased amygdala responses to emotional faces after psilocybin for treatment-resistant depression. Neuropharmacology, 142, 263‑269. https://doi.org/10.1016/j.neuropharm.2017.12.041

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