Saviez-vous que dans votre intestin se trouve une usine chimique.
Des milliards de micro-organismes, bactéries, levures et virus y vivent en harmonie, formant ce que l’on appelle le microbiote intestinal.
Ces micro-organismes jouent un rôle crucial dans notre santé globale.
Ils influencent la digestion, l'absorption des nutriments, le système immunitaire, l'humeur et même le poids.
Mais comment préserver l'équilibre de ce précieux écosystème ?
C'est là qu'entrent en jeu les probiotiques, prébiotiques et synbiotiques.
Dans cet article, nous allons découvrir comment ces alliés microscopiques peuvent contribuer à votre santé.
Le microbiote intestinal : qu’est-ce que c’est ?
Pour comprendre l’utilité des probiotiques, il est essentiel de connaître le microbiote intestinal.
Ce terme désigne l’ensemble des micro-organismes (bactéries, levures, virus, etc.) présents dans votre estomac, votre intestin grêle et votre colon.
Le microbiote joue un rôle crucial dans votre santé globale.
Il influence non seulement la digestion et l’absorption des nutriments, mais aussi le système immunitaire, l’humeur et le poids.
Un microbiote équilibré permet de maintenir un environnement intestinal sain, empêchant la prolifération de bactéries nuisibles et favorisant la croissance de celles qui nous sont bénéfiques.
Le saviez-vous ? Le microbiote est composé de 100 trillions de micro-organismes, représentant 90% des cellules vivantes du corps humain.
Les rôles du microbiote intestinal
La digestion
Le microbiote intestinal dispose d'un arsenal d'enzymes bien plus large que celui dont disposent les cellules humaines.
Cela lui permet de dégrader des fibres complexes et d'autres glucides que notre système digestif ne peut pas assimiler seul.
C’est ce que l’on appelle la fermentation.
Cette fermentation par les bactéries intestinales produit des acides gras courts, tels que le butyrate, qui servent de source d'énergie pour les cellules intestinales.
Le saviez-vous ? En 1683 Antoni van Leeuwenhoek, un pionnier de la microscopie, observe pour la première fois des "animalcules" dans les selles humaines. Il s'agissait des premiers microbiotes intestinaux observés par l'homme.
L’immunité
Dès les premières années de vie, le microbiote intestinal communique avec le système immunitaire en développement.
Cette interaction stimule la maturation des cellules immunitaires et leur apprend à distinguer les "bonnes" bactéries des "mauvaises".
Par la suite, le microbiote intestinal renforce la barrière intestinale et empêche les agents pathogènes et les toxines de pénétrer dans l'organisme.
Le microbiote est capable de combattre les agents pathogènes, mais aussi de produire des substances qui stimulent, ou à l'inverse inhibent, la fonction immunitaire.
Le saviez-vous ? Le microbiote intestinal est propre à chaque individu. Parmi les 160 espèces de bactéries que comporte en moyenne le microbiote d’un individu sain, seule la moitié se retrouve communément d’un individu à l’autre.
L’humeur
Le lien entre le microbiote intestinal et l'humeur est un domaine de recherche récent.
Plusieurs mécanismes potentiels expliquent l'influence du microbiote intestinal sur l'humeur :
L'axe intestin-cerveau : Le nerf vague, un nerf crânien majeur, relie directement l'intestin au cerveau. Il permet une transmission des signaux de l'intestin vers le cerveau et vice versa. Les bactéries intestinales peuvent produire des substances qui influencent la signalisation sur cet axe, impactant ainsi l'humeur, le stress et les émotions.
Production de neurotransmetteurs : Le microbiote intestinal peut influencer la production de neurotransmetteurs, tels que la sérotonine, la dopamine et le GABA, qui jouent un rôle crucial dans la régulation de l'humeur.
Inflammation intestinale : Une inflammation chronique de l'intestin peut parfois causer des symptômes dépressifs et anxieux. Or les bactéries intestinales peuvent contribuer à l'inflammation intestinale, créant ainsi un cercle vicieux entre troubles digestifs et troubles de l'humeur.
Le poids
Le microbiote intestinal joue un rôle crucial dans la régulation du poids, et ce de plusieurs façons :
Influence sur l'absorption des nutriments : Certaines bactéries intestinales favorisent l’absorption des calories provenant des aliments. Cela peut conduire à une prise de poids si l'apport calorique n'est pas équilibré par la dépense énergétique. D'autres bactéries, au contraire, limitent l'absorption des calories (en particulier des sucres et des graisses) contribuant ainsi au maintien d'un poids corporel sain.
Modulation de l'appétit et de la satiété : Le microbiote intestinal communique avec le cerveau via des signaux nerveux et hormonaux, influençant la sensation de faim et de satiété. Certaines bactéries augmentent la production de ghréline, l'hormone de la faim, tandis que d'autres stimulent la production de leptine, l'hormone de la satiété. Un déséquilibre de ces signaux peut alors entraîner une augmentation de l'appétit et une diminution de la satiété, favorisant la prise de poids.
Impact sur le métabolisme : Le microbiote intestinal influence l'activité métabolique (c’est-à-dire l’activité des cellules de notre corps). Or, certaines bactéries favorisent le stockage des graisses, tandis que d'autres augmentent la dépense énergétique. Un déséquilibre du microbiote peut donc perturber le métabolisme, menant à une accumulation de graisses et à une prise de poids.
Rôle dans l'inflammation : Un microbiote intestinal en déséquilibre, appelé dysbiose, peut entraîner une inflammation chronique de faible intensité dans l'organisme. Cette inflammation induit un risque accru d'obésité, de diabète et d'autres maladies métaboliques.
La dysbiose
La dysbiose désigne une altération de la composition et de la fonction des micro-organismes qui peuplent notre microbiote intestinal.
Autrement dit, en cas de dysbiose, la variété d'espèces bactériennes de notre microbiote diminue, les bactéries pathogènes se multiplient, et les capacités du microbiote sont altérées.
La dysbiose peut être provoquée par plusieurs facteurs :
- Déséquilibre alimentaire (trop de sucres raffinés, gras saturés, aliments transformés / pas assez de fibres)
- Antibiotiques
- Stress chronique
- Maladies chroniques
- Manque d’activité physique
De la même manière, les conséquences d'une dysbiose peuvent être multiples et toucher différents aspects de la santé :
- Troubles digestifs
- Diabète
- Goutte
- Obésité
- Maladies du foie
- Athérosclérose
- Dépression
- Maladies infectieuses émergentes
- Maladies neurodégénératives
- Allergies
- Syndrome métabolique
- Maladies Inflammatoires Chroniques de l'Intestin (MICI)
- Syndrome du côlon irritable
- Cancer
Mais alors comment maintenir notre microbiote intestinal en bonne santé ?
Prébiotiques, probiotiques et synbiotiques : des alliés pour votre microbiote
Il existe une grande confusion entre les prébiotiques et les probiotiques. Pour faire simple, les probiotiques sont des bactéries naturellement présentes dans le corps qui contribuent au métabolisme digestif. Les prébiotiques, eux, sont “la nourriture” de ces probiotiques.
Tous deux possèdent des actions variées sur le corps et se retrouvent dans de multiples aliments.
Ensemble, ils sont à l’origine d’un nouveau type de biotique, “les synbiotiques”.
Dans la suite de l’article, nous vous expliquons tout ce qu’il y a à savoir sur les pré, les pro, et les synbiotiques.
Les prébiotiques : aliments favoris du microbiote
Les prébiotiques sont des substances qui ne peuvent pas être digérés par les enzymes digestives humaines.
Ils parviennent intacts dans le colon, où ils servent de nourriture aux bactéries intestinales.
Les principales bactéries qui bénéficient des prébiotiques sont les bifidobactéries et les lactobacilles.
Ces bactéries décomposent les prébiotiques en acides gras à chaîne courte (AGCC), des substances ayant des effets bénéfiques sur la santé :
- Ils favorisent la croissance et l'activité des “bonnes” bactéries du microbiote intestinal.
- Ils contribuent à la digestion des aliments et à l'absorption des nutriments.
- Ils stimulent le système immunitaire et protègent contre les infections.
- Ils possèdent des propriétés anti-inflammatoires qui peuvent aider à réduire l'inflammation chronique.
Les prébiotiques se trouvent naturellement dans de nombreux aliments, en particulier les fruits, légumes et céréales complètes.
Voici quelques exemples d'aliments riches en prébiotiques :
- Chicorée, artichaut, banane, ail, oignon (contiennent de l'inuline)
- Banane, poire, asperge, endive (contiennent des fructo-oligosaccharides, ou FOS)
- Avoine, orge, levure de bière (contiennent des bêta-glucanes)
- Légumineuses (contiennent des galacto-oligosaccharides, ou GOS)
Il est également possible de consommer des prébiotiques sous forme de compléments alimentaires.
Le saviez-vous ? Des études ont montré que l'allaitement maternel favorise le développement d'un microbiote intestinal sain chez le nourrisson, car le lait maternel est riche en prébiotiques.
Les champignons : porteurs de prébiotiques
Bien plus que de simples délices gustatifs, les champignons font partie des prébiotiques les plus puissants et les plus étudiés à ce jour.
Pourquoi les champignons sont-ils de si bons prébiotiques ?
La principale caractéristique qui fait des champignons des prébiotiques exceptionnels réside dans leur richesse en polysaccharides, principalement les bêta-glucanes.
Ces polysaccharides ne sont pas digérés par les enzymes digestives humaines, et parviennent intacts au côlon, où ils nourrissent et stimulent la croissance des bactéries bénéfiques de notre microbiote intestinal (voir le processus de fermentation ci-dessus).
Mais alors, quels champignons sont les meilleurs prébiotiques ?
Si tous les champignons comestibles contiennent des prébiotiques, certains se distinguent par leur teneur et leur diversité en polysaccharides particulièrement bénéfiques pour le microbiote intestinal.
Parmi les champignons champions en matière de prébiotiques, on trouve :
Le shiitake (Lentinula edodes) : réputé pour son efficacité dans l'amélioration de la digestion, la modulation du système immunitaire et la réduction du risque de maladies chroniques.
Le maitake (Grifola frondosa) : connu pour ses propriétés antitumorales, antivirales et immunostimulantes.
Le reishi (Ganoderma lucidum) : connu pour ses propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et adaptogènes.
Le pleurote (Pleurotus ostreatus) : bonne source de prébiotiques, de vitamines et de minéraux.
Le hérisson ou “crinière de lion” (Hericium erinaceus) : connu pour ses propriétés neuroprotectrices et cognitives.
Les probiotiques : bactéries du microbiote
Les probiotiques sont des micro-organismes vivants, semblables à ceux naturellement présents dans votre intestin.
Comme les prébiotiques, les probiotiques nourrissent les bonnes bactéries de l’intestin et empêchent les mauvaises bactéries de prendre le dessus.
On les trouve dans certains aliments fermentés, comme le yaourt, la choucroute, le kéfir et le kimchi.
Ils peuvent également être pris sous forme de suppléments (généralement Lactobacillus et Bifidobacterium).
Les synbiotiques
Les synbiotiques, contraction de “synbiose” et “biotique”, se présentent comme une approche innovante et prometteuse pour optimiser la santé intestinale et le bien-être général.
Il s’agit d’une association intelligente entre probiotiques, micro-organismes vivants aux bienfaits reconnus, et prébiotiques, nourritures indispensables pour ces bactéries bénéfiques.
Cette association crée une synergie puissante qui décuple les avantages pour notre santé intestinale.
Le saviez-vous ? Une étude a démontré que la prise d'un synbiotique pendant six semaines réduisait significativement les symptômes du syndrome du côlon irritable (SCI) chez les patients.
Conclusion
Vous l’aurez compris, le microbiote intestinal est un écosystème complexe abritant des milliards de micro-organismes essentiels à notre santé.
Il influence notamment la santé digestive, le système immunitaire, l’humeur et le poids.
Les prébiotiques et les probiotiques sont des alliés précieux pour maintenir et renforcer ce microbiote. Présents dans de nombreux aliments dont les champignons, ils jouent un rôle crucial en nourrissant les bactéries bénéfiques nécessaires à son bon fonctionnement.
Sources
Wiertsema, S. P., Van Bergenhenegouwen, J., Garssen, J., & Knippels, L. M. J. (2021b). The Interplay between the Gut Microbiome and the Immune System in the Context of Infectious Diseases throughout Life and the Role of Nutrition in Optimizing Treatment Strategies. Nutrients, 13(3), 886. https://doi.org/10.3390/nu13030886
Huang, T., Lai, J., Du, Y., Xu, Y., Ruan, L., & Hu, S. (2019b). Current Understanding of Gut Microbiota in Mood Disorders : An Update of Human Studies. Frontiers In Genetics, 10. https://doi.org/10.3389/fgene.2019.00098
Noor, J., Chaudhry, A., Batool, S., Noor, R., & Fatima, G. (2023). Exploring the Impact of the Gut Microbiome on Obesity and Weight Loss : A Review Article. Curēus. https://doi.org/10.7759/cureus.40948
Zhang, W. X., Shi, L. B., Zhou, M. S., Wu, J., & Shi, H. Y. (2023). Efficacy of probiotics, prebiotics and synbiotics in irritable bowel syndrome : a systematic review and meta-analysis of randomized, double-blind, placebo-controlled trials. Journal Of Medical Microbiology/Journal Of Medical Microbiology, 72(9). https://doi.org/10.1099/jmm.0.001758
Laisser un commentaire
Tous les commentaires sont modérés avant d'être publiés.
Ce site est protégé par reCAPTCHA, et la Politique de confidentialité et les Conditions d'utilisation de Google s'appliquent.