Le mycélium, architecte de "l’internet des forêts" 

Le mycélium, architecte de "l’internet des forêts" 

Sous vos pieds se cache un réseau essentiel à la santé des arbres.

Ce réseau existe grâce aux champignons, ou plutôt grâce à la partie immergée des champignons… 

Intéressons-nous ici au mycélium, la partie souterraine du champignon.

À quoi sert-il et en quoi représente-t-il l’internet des forêts qui permet à tout un écosystème de communiquer ? C’est ce que nous allons découvrir dans cet article.

Mycélium et réseaux mycorhiziens

Le mycélium

 

champignon-mycélium-terre

Comme nous l’avons expliqué, le mycélium est l’appareil végétatif souterrain des champignons.

Tous les mycéliums ne donnent pas de champignons, mais l’exemple des champignons nous offre une belle explication de leur fonctionnement.

Chez le champignon, le rôle du mycélium est de produire des enzymes qui décomposent la matière organique afin de lui transmettre les nutriments nécessaires à sa nutrition. 

Plus le mycélium se propage dans le sol, plus la taille du champignon est importante. 

De manière générale, dans son environnement, le mycélium décompose la biomasse et la recycle, ce qui contribue à la fertilité du sol. 

Mais son rôle n’est pas unique, car il contribue fortement aux organismes vivants qui l’entourent.

Le saviez-vous ? Le plus grand organisme vivant sur terre est un champignon. Il s’agit d’un Armillaria Ostoyae géant, qui se trouve dans les montagnes bleues de l’Oregon. On estime qu’il possède entre 2 400 et 8 000 ans. Sa partie souterraine recouvre une surface de 965 hectares.

Les réseaux mycorhiziens


mycélium

Le mycélium et les racines d’autres végétaux peuvent former un système interconnecté. 

Lorsque les racines de deux végétaux sont colonisées par un même champignon mycorhizien et reliées entre elles, on parle de réseau mycorhizien

Si tous les mycéliums décomposent la matière organique pour fournir les nutriments nécessaires au développement des champignons, tous ne font pas partie d’un réseau mycorhizien mutuellement dépendant.

C’est uniquement le cas des champignons mycorhiziens, soit 10% des espèces de champignons connues à ce jour. 

Ces champignons spécifiques sont essentiels à la santé des écosystèmes. 

L’établissement de ce réseau mycorhizien dépend de la capacité d’une plante à entrer dans une association mycorhizienne avec une ou plusieurs espèces fongiques compatibles. 

Cette compatibilité est régie par la contrainte de la « spécificité mycorhizienne » potentielle des symbiotes. 

Au sein de ces entités, on observe une capacité graduelle, passant d'une faible spécificité (interaction avec une multitude de partenaires) à une spécificité élevée (interaction avec un ou quelques partenaires).

La probabilité de formation d’un réseau mycorhizien est souvent plus forte si les partenaires fongiques expriment une faible spécificité mycorhizienne. 

Actuellement, grâce aux avancées technologiques et moléculaires, des preuves de plus en plus nombreuses attestent de l'existence des réseaux mycorhiziens dans divers écosystèmes. 

Leur présence a été constatée non seulement dans des forêts tempérées, boréales et tropicales, mais aussi dans des prairies et des savanes.

L’internet des forêts : un réseau de communication complet

Communication entre champignons

Les champignons communiquent entre eux par le biais de leurs réseaux mycorhiziens.

Ils se préviennent d’éventuels dangers ou de conditions environnementales changeantes. 

Pour cela, ils envoient, via leurs réseaux, des nutriments et des impulsions électriques.

En conséquence, les autres champignons peuvent s'adapter à l'avertissement ou se transférer des nutriments pour rester en vie. 

Communication avec d’autres espèces 


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En plus de communiquer entre eux, les champignons mycorhiziens communiquent avec de nombreuses espèces de plantes. 

Pour cela, les hyphes du réseau mycorhizien (structures filamentaires qui constituent le corps principal du mycélium) s’enroulent autour de leurs racines. 

Plante et champignon forment alors une relation symbiotique où les deux parties tirent profit. 

La capacité d’une plante à établir une relation avec son partenaire fongique dépendra de facteurs environnementaux, écologiques, génétiques et physiologiques. 

Leur union présente plusieurs avantages. 

Tout d’abord, le champignon transporte des nutriments (carbone, azote, phosphore) et aide les plantes à absorber l’eau. 

De plus, le champignon les avertit en cas de danger. De cette façon, il les protège des agents pathogènes, et contribue à une meilleure tolérance au stress biotique de la plante. 

En échange, les champignons se nourrissent des sucres produits par la plante lors de la photosynthèse. 

“L’internet des forêts”

 

écorce-mycélium

Les champignons ne se contentent pas de communiquer entre eux ou avec d’autres espèces de plantes, ils créent aussi des connexions entre les plantes elles-mêmes. 

Sans les champignons et leurs réseaux souterrains, certaines plantes, ou arbres seraient incapables de communiquer entre eux, car hors de portée. 

Les réseaux mycorhiziens relient donc toutes les plantes d’un écosystème, d’où le nom attribué de “l’internet des forêts” (ou “World wide web” en anglais).

C'est la chercheuse canadienne Suzanne Simard qui est la première à mettre en évidence en 1997 ce réseau avec le transfert mycorhizien de carbone entre des arbres en conditions naturelles.

Ces connexions permettent aux différentes espèces d’un écosystème de prospérer. 

En effet, de nombreux arbres transmettent des nutriments à leurs enfants par l'intermédiaire de ce réseau, les aidant ainsi à survivre. 

De même, Louise Egerton (chercheuse et professeure en Biologie végétale et conservation) a mis en évidence la circulation effective d’un flux d’eau entre des plantes saines vers des plantes en situation de stress hydrique, par l’intermédiaire d’une connexion mycélienne. Ce réseau écologique pourrait donc être un paramètre important dans la survie des végétaux lors des situations de sécheresse.

Le réseau mycorhizien est donc un moyen de communication efficace qui ne pourrait exister sans les champignons. 

Utilisations du mycélium fongique par l’Homme

 

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Le mycélium fongique n’est pas utile uniquement aux écosystèmes. 

Il est même une solution écologique pour plusieurs problématiques de notre quotidien.

Voici quelques exemples d’utilisations possibles : 

  • Il filtre les concentrations de polluants et de micro-organismes dans l’eau ou dans les sols contaminés.
  • Sa résistance à l’eau et ses propriétés ignifuges en font un excellent matériau de construction, ou un isolant remplaçant la fibre de verre (dangereuse pour l’environnement).
  • C’est une alternative végétale au cuir, avec un aspect et une durabilité similaires. Ce cuir est cultivé en moins de deux semaines, une alternativbieplus rapide que l'élevage de bétail, qui nécessite plusieurs années.
  • Il est possible de produire une viande “végétale” à base de mycélium, avec une ressemblance texturale saisissante. 

Le saviez-vous ? Plusieurs acteurs de la FoodTech s’emparent de la tendance. C’est le cas de Meati, une entreprise créée par deux jeunes entrepreneurs américains proposant des alternatives végétales comme de la viande de mycélium.

Conclusion 

Le mycélium est ce grand réseau souterrain du champignon.

Il joue un rôle clé dans la communication et la survie des écosystèmes.

Par ailleurs, il constitue un excellent substitut aux matériaux moins durables. Il offre ainsi une option préférable pour les emballages, les logements, les aliments et les vêtements.

Le mycélium serait t-il la solution aux grands enjeux écologiques à venir ?

 


Bibliographie

Alexander, S. (2023, 7 novembre). The mycelial network is the wood wide web underneath it all. Shroomer. https://www.shroomer.com/mycelium-what-is-benefits-uses/

Casselman, A. (2007, 4 octobre). Strange but true : the largest organism on Earth is a fungus. Scientific American. https://www.scientificamerican.com/article/strange-but-true-largest-organism-is-fungus/

Protopapadaki, I. (s. d.). Building with mushrooms – critical concrete. https://criticalconcrete.com/building-with-mushrooms/

Mnkandla, S. M., & Otomo, P. V. (2021). Effectiveness of mycofiltration for removal of contaminants from water : a Systematic review protocol. Environmental Evidence, 10(1). https://doi.org/10.1186/s13750-021-00232-0

NEWS. (2021, 8 mai). ? UNE PREMIÈRE MONDIALE : DU CUIR VÉGÉTAL à BASE DE CHAMPIGNONS. NouvelleVeg. https://www.nouvelleveg-magazine.com/post/une-1%C3%A8re-mondiale-du-cuir-v%C3%A9g%C3%A9tal-%C3%A0-base-de-champignons

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