Imaginez que vous faites une promenade en forêt. Au détour d’un sentier, vous voyez des gouttes de sang sur le sol. En regardant de plus près, vous identifiez une chose bizarre en forme de dent qui saigne.
Vous vous dites peut-être qu’il s’agit d’un accident de chasse ? Ce ne serait pas la première fois.
En novembre 2022, dans la Drôme, un cueilleur de champignons a été confondu avec un sanglier. Je vous laisse imaginer le désastre... Mais ce n’est pas de cela dont il est question ici.
Dans cet article, vous allez découvrir un phénomène étrange et naturel qui provient d’un champignon. Voici tout ce qu’il faut savoir sur l’hydnelle de peck ou l’Hydnellum peckii.
Qu'est-ce que le champignon qui saigne ?
Le champignon à la dent qui saigne est l’une de ces bizarreries de la nature. Ce champignon originaire d’Amérique du Nord et d’Europe s’appelle l’hydnelle de peck ou Hydnellum peckii.
Sa renommée mondiale lui vient de son apparence qui pourrait figurer dans le dernier “Massacre à la tronçonneuse”. En effet, ce champignon se caractérise par un chapeau irrégulier qui peut faire penser à une dent.
De plus, son chapeau est parsemé de gouttelettes de sang. N’y voyez pas là le signe d’une intervention sataniste. Je vous rassure, ce phénomène est 100% explicable. Ces gouttes de couleur rouge proviennent d’un liquide, la guttation, qui correspond à une sorte de “transpiration” du champignon. Il s’agit d’un processus biologique qui se caractérise par l’apparition de gouttelettes d’eau à l'aube sur les extrémités du champignon.
L’hydnelle de peck possède également d’autres jolis nom tels que :
- L’hydne à gouttes sanglantes ;
- L’hydnelle saignant ;
- Larmes du diable ;
- Crème à la fraise ;
- Dent de la mort.
Une autre caractéristique du champignon est son mode de croissance très imprévisible. En effet, il arrive bien souvent que deux champignons de cette même espèce ne se ressemblent pas. Par ailleurs, il peut arriver que ce champignon absorbe des objets autour de lui comme des brindilles ou des pommes de pin.
Certains d’entre vous peuvent trouver ce champignon appétissant. Toutefois, l’hydnelle de peck n’est pas considérée comme étant comestible. Il possède un goût peu appétissant, particulièrement amer. Par ailleurs, sa texture est coriace, semblable à un bouchon de liège.
À quoi ressemble l’hydnelle de peck ?
En raison d’un mode de croissance très singulier, il est difficile de généraliser les caractéristiques de ce champignon. Toutefois, on peut dire que le chapeau du champignon peut mesurer entre 2,5 et 15 cm. Il possède une forme arrondie qui s'étale ensuite au fil du vieillissement du champignon.
La couleur du champignon est assez variable. Le champignon peut avoir une couleur blanche ou rosée à la naissance puis brunir avec l’âge. Cependant, les gouttes de sang du champignon perdurent avec le temps. Vous pouvez donc les trouver sur les jeunes spécimens comme chez les vieux. Les épines verticales ou saillis en forme de dents sont relativement courtes et de couleur blanche ou rose pour tendre vers le brun-violacé en vieillissant.
Enfin, la tige du champignon mesure en général entre 0,5 et 7,5 cm de long. Elle est souvent décentrée, ce qui donne une allure particulièrement étrange au champignon. Et les spores sont de couleur brunâtre.
Histoire du champignon qui saigne
Ce champignon est très peu documenté dans les histoires et légendes. Il est mentionné pour la première fois en 1913 dans un ouvrage du mycologue américain Howard James Banker. Le nom du champignon est un hommage à un célèbre mycologue américain : Charles Horton Peck.
Charles Horton Peck est en quelque sorte le Paul Stamets du XIXe et XXe siècles. Dans son travail, il décrit près de 2700 espèces de champignons aux Etats-Unis. Ce scientifique était habité d’une passion brûlante pour les champignons. Pour l’anecdote, il avait l’habitude de mâcher des espèces pour détecter des signes de toxicité.
Dans les années 1920, ce champignon est ensuite rangé dans la catégorie des hydnes par le mycologue italien Pier Andrea Saccardo.
Bienfaits potentiels de l’hydnelle de peck
À ce jour, il n’existe pas de littérature sur les bienfaits potentiels de ce champignon.
D’après mes recherches sur Internet, ce champignon possède deux composés actifs aux bienfaits potentiels : l'atromentine et l'acide théléphorique. Ces composés seraient des polyphénols, une classe de molécules antioxydantes.
Le premier principe actif, l'atromentine, serait un pigment fongique au potentiel antimicrobien et anticoagulant. Cependant, il n’existe pas d’étude scientifique à ce jour pour appuyer ce bienfait potentiel.
L'acide théléphorique est également un pigment fongique. D’après cet article américain, ce composé pourrait stimuler la cognition. Il aurait ainsi un potentiel intéressant dans le cadre du traitement des maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer.
Conclusion
Le champignon à dents qui saignent est le surnom de l’hydnelle de peck. Dotée d’une allure digne des plus grands films d’horreur, ce champignon ne vous veut pourtant pas de mal. Ses gouttelettes de sang sont simplement le résultat de sa transpiration. Bien qu’il ne soit pas comestible, ce champignon pourrait avoir un potentiel thérapeutique comme de nombreuses espèces. Toutefois, il n’existe à ce jour aucune étude scientifique pour confirmer cela.
Sources et références :
AquaPortail, Q. (2023, 1 septembre). Guttation. AquaPortail. https://www.aquaportail.com/dictionnaire/definition/10145/guttation
Contributeurs aux projets Wikimedia. (2021, 12 février). Charles Horton Peck. https://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Horton_Peck
Contributeurs aux projets Wikimedia. (2023, 21 février). Pier Andrea Saccardo. https://fr.wikipedia.org/wiki/Pier_Andrea_Saccardo
Selemin, J. (2023, 26 octobre). The complete guide to bleeding tooth fungus. Shroomer. https://www.shroomer.com/bleeding-tooth-fungus/
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